LEMONDE.FR avec AFP et Reuters
Les Etats-Unis ont accentué leurs raids aériens au Yémen ces dernières semaines, à l'aide de drones et d'avions de combat, contre des militants présumés d'Al-Qaida, rapporte le New York Times. L'accélération des frappes intervient alors que le régime du président Ali Abadallah Saleh est en passe d'être renversé par une insurrection populaire. Selon le New York Times, les frappes américaines sont destinées à empêcher les partisans d'Al-Qaida dans le sud du pays de s'emparer du pouvoir, en prenant avantage du vide politique actuel. Pour la CIA, la présence d'Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA) représenterait un danger plus important que celui posé par les hauts responsables de la nébuleuse terroriste cachés au Pakistan.
Un responsable américain a confirmé qu'au cours d'une frappe aérienne menée par des appareils américains vendredi dernier, Abou Ali Al Hariti, une étoile montante d'Al-Qaida au Yémen, avait été tué. En mai, les Américains avaient tenté d'abattre Anouar Al Aoulaki, chef d'AQPA.
"POURSUIVRE LA RÉVOLTE"
Mercredi, le plus haut gradé américain, Michael Mullen, a prévenu que le "chaos" au Yémen rendait Al-Qaida encore "plus dangereuse". Le numéro deux d'Al-Qaida, Ayman Zawahiri, a d'ailleurs appelé les Yéménites à poursuivre leur révolte pour établir "un régime qui appliquera la charia", dans une vidéo diffusée mercredi sur Internet. Mardi, le ministère de la défense yéménite avait annoncé que trente "membres d'Al-Qaida" avaient été tués lors d'un assaut de l'armée contre Zinjibar, ville aux mains d'insurgés soupçonnés d'être liés à Al-Qaida.
Le président Ali Abdallah Saleh est actuellement hospitalisé à Riyad, après avoir été blessé lors du bombardement du palais présidentiel à Sanaa. Ali Abdallah Saleh, qui a dirigé le pays durant trente-trois ans, a été un allié important de Washington dans le combat contre Al-Qaida, dont il a longtemps agité la menace pour justifier son maintien au pouvoir, en dépit de la vive contestation populaire contre lui depuis janvier.
"NOUVEL ESSOR"
Le 21 mai, M. Saleh avait prévenu "si ce régime part, Al-Qaida va connaître un nouvel essor". Selon le New York Times, les récentes opérations aériennes américaines surviennent après près d'un an de suspension due à une mauvaise qualité du renseignement qui a provoqué plusieurs morts chez des civils lors des frappes. Le président Saleh avait donné son feu vert à ces frappes au Yémen en 2009, tout en déclarant publiquement qu'elles étaient conduites par l'armée de l'air yéménite, rappelle le journal.
L'extension du conflit au Yémen pourrait avoir des effet pervers, constatent les services américains : un camp pourrait décider de fournir à Washington de fausses informations pour porter des coups contre ses adversaires. C'est la raison pour laquelle l'ambassadeur américain à Sanaa a rencontré certains membres de l'opposition pour leur expliquer que la démarche de Washington n'est pas de favoriser telle ou telle faction mais de lutter contre Al-Qaida.
Savoir plus:
Le mouvement de contestation au Yémen
Sem comentários:
Enviar um comentário